
Cela fait un moment que j'avais envie de parler du cas de la fausse couche.
Lors de mes accompagnements Fertilité, il n'est pas rare que les femmes que je reçois aient déjà vécu une fausse couche. Je prends toujours quelques minutes pour voir comment elles vivent cette étape et je leur dis qu'elles ont parfaitement le droit d'être malheureuses, que, non, ce n'est pas rien.
Tout d'abord, la « fausse » couche n'a de faux que le nom, vous ne trouvez pas ? Tous ces espoirs, ces attentes, ces calculs, ce test de grossesse étaient plus que vrais. On utilise de plus en plus souvent le terme perte de grossesse précoce, que je trouve plus approprié.
Quelque chose m'a interpellée récemment, c'est cette fameuse « règle » des 3 mois ou du premier trimestre de grossesse. Ce n'est évidemment pas une règle en tant que telle, pourtant il est très courant d'attendre la première échographie ou de passer le cap de ces fameux trois qui sont les plus fragiles.
J'ai vécu deux fausses couches et mon mari et moi n'avions pas attendu ce laps de temps pour annoncer le fait que j'étais enceinte. Et avec du recul, heureusement pour moi. Je ne parle que de mon cas, si votre choix est différent et vous convient, tant mieux.
Alors oui, mon entourage était au courant de ce que je traversais et cela m'a bien aidée finalement. Je me souviens du réconfort que j'ai reçu et qui a contribué à panser mes blessures. Je pense que ça aurait été bien plus dur de faire comme si tout allait bien et de ne pas avoir les marques d''affection que j'ai eues.
Je me souviens également de l'ambivalence que j'ai ressentie à chaque annonce de grossesse autour de moi. Il n'y en avait pas moins de 5 dans mon cercle familial et amical à ce moment là. Je n'étais pas jalouse ni envieuse mais j'étais partagée entre la réjouissance de ces nouvelles, ma tristesse qui s'amplifiait à ces annonces et même une certaine culpabilité face à ce sentiment-là.
La première fois, j'ai subi une grossesse arrêtée. Je l'ai assez mal vécu et j'ai du passer par un curetage à l'hôpital. Je n'ai pas souhaité avoir une anesthésie générale, j'ai donc entendu tout ce que disait l'équipe soignante. Cela fait maintenant 18 ans et je me souviens encore de leur discussion, de leurs mots, de leur bonne humeur. Deux soignants dont la personne qui pratiquait le curetage se racontaient leur week-end, riaient et là, une question a fendu l'air : « Vous étiez enceinte de combien parce que là je l'ai en main et c'est tout petit... ». Quelle indélicatesse ! Je l'ai reçu comme un coup violent.
Mon gynécologue est venu me voir avant la fin de l'intervention, il m'a regardé avec bienveillance, a posé sa main sur mon épaule. Cela m'a tant réconfortée.
Je sais bien que pour les soignants cette opération était certainement d'une banalité affligeante mais pas pour moi. A ce moment précis, mon monde s'effondrait. Le récit du week-end joyeux pouvait peut-être attendre la fin du curetage... J'ose espérer que les choses ont changé depuis.
Il y a aussi des femmes pour qui cette étape est assez facile et c'est très bien ainsi. Il n'y pas de bonnes ou de mauvaises façons de le vivre.
Je suis bien contente de voir qu'on parle bien plus des fausses couches actuellement. C'est beaucoup moins tabou. Alors si vous avez envie d'annoncer à tout le monde que votre test de grossesse est positif, faites-le. Si, pour une question de pudeur ou de superstition vous préférez attendre, suivez votre instinct. Mais ne vous sentez pas enfermée dans cette « règle » si elle ne vous convient pas.
Si vous passez par cette étape et que vous en ressentez le besoin de parler, allez-y, vous verrez que nous sommes très nombreuses à être passées par là et vous trouverez du réconfort pour surmonter cette perte.
N'oublions pas que l'impermanence est l'essence même de la vie. Tout n'est que changement ou mouvement et que le soleil revient toujours. Toujours.
Delphine Pierron
Naturopathe et Réflexologue Plantaire
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